Professeur Martial Ze Belinga
- Economiste & Sociolgue
- Consultant International pour plusieurs organisations .
- Co-auteur de l’ouvrage “Le franc CFA est un anachronisme et n’a aucne caution democratique”
Interview recueilli par Marie Lechapelays
Vous tenez à parler de « transformation » et non d’« émergence » pour décrire le processus à l’œuvre en Afrique. Que reprochez-vous à ce terme ?
Martial Ze Belinga: Le concept d’émergence est un concept exogène. Il a été proposé aux Africains par les Occidentaux et accepté comme tel. Ce terme est né au début des années 1980 dans la littérature financière, au moment où les marchés de la « triade » recherchaient de nouvelles places financières pour rentabiliser leurs placements. On a parlé de « marchés émergents ». Au départ, donc, ce terme ne reflète pas une pensée de l’épanouissement ou du bien-être des peuples.
Puis le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont promu ce terme et « l’émergence » est devenue un stade entre le sous-développement et le développement, présenté comme un synonyme de « rattrapage ». Cela induit un rapport à d’autres pays, occidentaux par exemple, qui seraient meilleurs et dont les pays africains devraient être les bons élèves. Les Africains ne se sont jamais présentés eux-mêmes comme des populations « émergentes »
Il faudrait donc plutôt parler de « transformation ». Une transformation fondée sur l’éducation, la culture et l’innovation, comme l’ont bien compris des pays comme la Chine et la Corée du Sud, qui en font leur premier pôle d’investissement.
Extrait d’un entretien recueilli par Marie Lechapelays. lemonde.fr/afrique/article 28.03.2017